La structure d’une histoire – Par : Robert Waldvogel
La structure d’une histoire
Par Robert Waldvogel
INTRODUCTION :
Les histoires, si elles sont illustrées graphiquement, sont comme les arcs des flèches tirées par les arcs. Elles sont lancées vers le ciel, atteignent un apogée ou une hauteur maximale, puis s’incurvent brusquement lorsque la gravité les fait retomber au sol. La première partie de l’arc peut être assimilée à la montée de la tension ou du suspense d’un récit, son apogée peut être considéré comme son point culminant ou son tournant, et sa chute est sa résolution ou son dénouement, moment où tous les détails sont réglés et où les conclusions sont tirées.
EN HUIT PARTIES :
Les histoires courtes et longues, qu’il s’agisse de novellas ou de romans, peuvent utiliser huit aspects cruciaux dans le déroulement de leur intrigue, mais ne doivent pas nécessairement les intégrer tous. Ces huit aspects sont les suivants
1). Stase :
La stase implique un état de stabilité ou de normalité. La vie continue pour les personnages d’une histoire. L’auteur doit créer la base de la réalité quotidienne des protagonistes et de leur monde. Selon le roman et le style, cette étape peut être courte, ne serait-ce qu’un paragraphe, ou un peu plus longue.
L’utilisation d’une stase plus longue risque toutefois d’ennuyer rapidement le lecteur, qui n’ira alors pas plus loin dans l’histoire. Les flashbacks, qui fournissent une histoire en arrière-plan, peuvent remédier à cet obstacle.
Quelle que soit la manière dont vous choisissez de commencer votre histoire, vous devez impliquer le lecteur aussi rapidement que possible. Si vous optez pour une stase plus longue, il vous faut un style d’écriture puissant, par exemple en créant une intrigue sur les débuts de la vie du protagoniste ou en démontrant quelque chose de particulier dans sa vie quotidienne actuelle.
2). Déclencheur :
Le déclencheur peut être considéré comme l’événement stimulant qui rompt la stase de l’histoire et anime le ou les personnages de sorte qu’ils deviennent partie intégrante de l’intrigue ou de l’action principale.
Les déclencheurs peuvent être des événements majeurs, tels que des meurtres ou des explosions, ou sembler presque insignifiants, comme une chose mentionnée dans une conversation. Ils peuvent également être positifs ou négatifs, remarqués ou inaperçus, soudains ou progressifs, courts ou longs. Leur principal attribut et objectif est de déclencher le changement qui initie l’intrigue.
Toute histoire peut commencer par un coup d’éclat si son déclencheur se produit immédiatement, par exemple à la première page.
3). La quête :
La quête peut être considérée comme l’objectif du protagoniste, qui découle de l’élément déclencheur. Idéalement, elle devrait occuper la majeure partie du roman et inclure les points énumérés ci-dessous.
L’objectif déclaré ou non de la quête peut être de ramener le protagoniste à sa stase d’origine, ce à quoi l’antagoniste peut s’opposer. Une autre quête, éventuellement liée, peut consister à vaincre l’antagoniste. La quête peut également évoluer au fur et à mesure que l’on en apprend davantage et que le voyage transforme le héros. Généralement, les objectifs personnels simples, tels que la conquête ou l’acquisition, évoluent vers des objectifs plus larges et plus sociaux, tels que le sauvetage d’autrui. Si les temps sont particulièrement durs, la quête peut se limiter à la survie.
4). Surprise :
L’introduction de surprises ou de rebondissements permet de maintenir l’intérêt du lecteur et l’intrigue de l’histoire, et donne l’occasion de développer les personnages.
Pour être une surprise, un événement doit être inattendu, au moins en partie. Pour fonctionner dans le cadre de l’histoire, il doit être plausible et avoir un sens pour le lecteur, du moins rétrospectivement. Les surprises doivent enrichir l’intrigue, accroître l’implication et le plaisir final du lecteur. Une mauvaise surprise ne fera que le décevoir et le désillusionner.
Les surprises sont souvent désagréables, du genre “Oh, non, pas ici et maintenant”, mais elles peuvent être ponctuées d’un répit agréable et d’une récompense. Les surprises désagréables mettent à l’épreuve le héros dans sa quête, lui donnant l’occasion de faire preuve d’un véritable héroïsme et de s’épanouir. Les surprises agréables, telles que “Hourra, j’ai gagné !”, comprennent l’obtention de trésors et la rencontre d’autres parties utiles en cours de route.
5). Choix critique :
Le héros sera parfois confronté à des décisions difficiles, comme celle de continuer ou de faire demi-tour avant d’atteindre son but.
Les décisions critiques sont des éléments significatifs et essentiels à la poursuite d’une quête et peuvent inclure des facteurs tels que des pauses pour aider d’autres personnes en cours de route ou pour combattre des obstacles maléfiques. Ces décisions doivent être cohérentes avec le personnage, mais elles peuvent aussi le transformer, comme lorsqu’un lâche décide d’agir avec bravoure. Il peut être important de montrer la lutte pour décider et l’exercice du libre arbitre.
Les choix critiques s’accumulent souvent au fil de l’histoire, chacun d’entre eux devenant plus important que le précédent.
6). Le point culminant :
Le point culminant d’une histoire se produit lorsque la quête, construite à partir de surprises et de choix critiques, atteint son paroxysme. C’est le point où les tensions doivent être résolues. Il crée la tension ultime de l’intrigue, conduit à un point de confrontation et/ou de prise de conscience, oblige le protagoniste à rencontrer l’inconnu et constitue le point culminant de tous les conflits de l’histoire.
Il peut y avoir un certain nombre de points culminants mineurs et majeurs tout au long de l’histoire, menant au grand point culminant vers ou à la fin. Alors que les climax mineurs résolvent des tensions mineures et que les tensions plus importantes sont résolues lors des climax majeurs, il existe toujours une tension sous-jacente et croissante qui ne peut être résolue que par le grand climax où la quête collective est finalement résolue. C’est à travers cette séquence de climax que l’arc narratif est construit, liant le lecteur au voyage du héros et des autres protagonistes, presque comme s’il en faisait partie par procuration.
Le long de l’histoire, il peut y avoir un certain nombre d’histoires secondaires et de quêtes annexes, chacune avec ses propres surprises et ses choix critiques. Bien qu’il s’agisse en fait de petites histoires à part entière, elles doivent néanmoins contribuer à l’apogée finale, où l’on comprendra peut-être enfin l’importance de ces événements secondaires.
7). Renversement :
Le renversement permet au héros d’intégrer tout ce qu’il a appris au cours de son voyage et de devenir ainsi le véritable héros, généralement sans perdre son charme et sa personnalité d’origine. D’autres personnages peuvent également changer, en particulier lorsqu’ils ont voyagé et évolué ensemble.
Les revirements sont le résultat du voyage lui-même et sont, en tant que tels, inévitables. Un personnage ne peut pas être confronté à des obstacles et à l’adversité tout en restant le même. Sinon, le voyage n’aurait plus de raison d’être. Sa (ses) transformation(s) doit (doivent) cependant être logique(s) et crédible(s).
8). La résolution :
La résolution finale sert à créer une nouvelle stase ou un nouvel équilibre dans la vie des personnages.
C’est également inévitable lorsque toutes les tensions sont résolues. Cependant, cette nouvelle stase est rarement la même que la première, car les personnages ont appris et grandi. Elle peut également servir de plateforme pour une autre aventure, où les personnages secondaires jouent un rôle plus important ou où le héros se développe plus subtilement pour devenir un personnage plus large et plus complet. Un nouveau déclencheur peut également laisser présager une nouvelle histoire ou une histoire suivante, en particulier une suite.
CONCLUSION :
À l’instar d’un dîner dans un restaurant cinq étoiles, dont l’expérience ne se limite pas à la nourriture, mais s’élève au rang d’art grâce aux différents plats qui se complètent et aboutissent à un ensemble bien plus complet que la somme de ses parties individuelles, une histoire doit aiguiser l’appétit (action montante), engager (à son apogée ou conflit) et rassasier ou satisfaire (à son dénouement ou résolution). Les convives investissent de l’argent dans une expérience satisfaisante. Les lecteurs font de même avec leur temps.
“(Ce faisant)… tout ce qui se trouve sur la page doit jouer un rôle dans l’avancement du récit, et l’auteur doit emprunter le chemin le plus direct pour raconter l’histoire complète”, selon Mark Baechtel dans “Shaping the Story : A Step-by-Step Guide to Writing Short Fiction” (Pearson Education, 2004, p. 135). “Au fur et à mesure que l’histoire progresse et se rapproche de sa conclusion, l’auteur doit s’assurer qu’il n’y a pas de personnages, de scènes, de passages de description, d’exposition ou de résumé qui n’y ont pas leur place […]. “
Sources de l’article :
Baechtel, Mark. “Shaping the Story : A Step-by-Step Guide to Writing Short Fiction”. New York : Pearson Education, Inc, 2004.
Source de l’article : https://EzineArticles.com/expert/Robert_Waldvogel/534926